Pour Solde De Tout Compte by Elizabeth George

Auteur:Elizabeth George [George, Elizabeth]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782266206648
Google: eF_iYgEACAAJ
Amazon: 2266206648
Éditeur: Pocket
Publié: 2010-10-31T20:00:00+00:00

12

Rosalyn Simpson gravit le dernier étage menant à sa chambre de Queen’s College. Une fois de plus, elle se maudit d’avoir choisi cette chambre. Sa mauvaise humeur n’avait rien à voir avec l’ascension proprement dite bien qu’elle se rendît parfaitement compte que n’importe quelle personne sensée aurait préféré habiter au rez-de-chaussée ou au moins, plus près des toilettes. Toujours est-il qu’elle s’était installée dans cette chambre en forme de L, située sous les toits, avec ses murs obliques qui se prêtaient à l’accrochage de ses tentures indiennes et son parquet de chêne aux lames disjointes qui craquait sous les pas. Elle disposait d’une petite pièce supplémentaire pourvue d’un lavabo – un grand placard plutôt qu’une pièce – où son père et elle avaient réussi tant bien que mal à caser le lit. La mansarde possédait en outre toutes sortes de coins et de recoins où elle avait disposé plantes et livres. Elle s’y réfugiait chaque fois qu’elle éprouvait le besoin de s’isoler. Mais la particularité de ce logement était une trappe aménagée dans le plafond. Elle ouvrait sur un passage qui conduisait directement à la chambre de Melinda Powell. C’était ce dernier point qui l’avait séduite, parce qu’il leur permettait, à Melinda et elle, d’être ensemble sans que personne ne découvrît la nature exacte de leur relation, que Rosalyn préférait garder secrète. Chacune y trouvait son compte : Melinda s’en contentait et Rosalyn préservait sa tranquillité d’esprit. Mais maintenant, elle doutait de tout : de sa décision, de Melinda et même de leur amour. Elle croulait sous le poids de divers fardeaux. D’abord, son sac à dos, alourdi par les provisions que sa mère l’avait forcée à accepter avant son départ, larmes aux yeux, lèvres tremblantes. Elle avait dit « nous avions fait tant de rêves pour toi, Ros », d’un ton qui avait fait prendre conscience à Rosalyn de l’étendue du chagrin qu’elle causait à ses parents. Mais n’avait-elle pas promis à Melinda de leur annoncer la nouvelle ?

« Ça passera », avait dit son père à plusieurs reprises pendant les effroyables trente-deux heures qu’ils avaient passées ensemble. Et il l’avait répété de nouveau lorsque Rosalyn était partie, mais cette fois en s’adressant à sa mère. « Les rêves sont toujours là, bon sang. C’est une phase. Ça lui passera. »

Rosalyn n’avait pas essayé de les persuader du contraire. Comme elle espérait elle-même que cela lui passerait, elle leur avait caché que cette phase durait depuis qu’elle avait quinze ans. Il lui avait fallu toute son énergie et tout son courage pour aborder le sujet. Elle ne se sentait pas la force de discuter avec eux de l’éventuelle disparition de cette phase dans son existence.

Rosalyn secoua son sac à dos, sentit le paquet de sa mère s’enfoncer dans son omoplate gauche et s’efforça de se débarrasser du fardeau beaucoup plus encombrant, beaucoup plus odieux de sa culpabilité. Elle avait l’impression qu’une énorme pieuvre l’étouffait de ses tentacules. L’Église disait que c’était mal. Son éducation disait que c’était mal. Quand

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